Avoué, on a les preuves...

Ythylolyn Lysel était en train de traverser le désert avec sa fille. Elle voulait lui faire découvrir les beautés de la nuit. Et la gamine, montée sur Luuna sa soeur, semblait faire honneur aux paysages qu'enjolivaient la douce lumière d'Hécate. Mais Anyankah n'a que trois ans, et à cet âge la fatigue vient vite. Afin de la faire se reposer un peu, Ythylolyn Lysel décida donc de s'arreter dans un fortin. C'est alors qu'elle le vit. Couché sur le sable. Apparement assoiffé.

Laissant Lysel veiller sur les deux petites qui dormaient l'une contre l'autre, roulées en boule, elle s'approcha de lui et le regarda. La scène lui rappela vaguement une autre nuit. Il était couché aussi, blessé, mourrant même, et elle l'avait sauvé. Et il l'avait tuée, souillant de son sang le temple de la mère. Il était à nouveau là devant elle, mourrant. Et cette fois ci, son coeur ne s'accellera pas. L'amour était bien mort. Mais parce qu'elle lui devait quand même quelque chose, cette fois encore elle le sauva. Elle le prit, et avec l'aide de Lysel qui grognait tout ce qu'elle pouvait elle le ramena à Sélénia. Elle le soigna. Et elle le mit là où était sa place, en tant qu'assassin, et sacrilège.

Te voilà de retour, Gale, mon amour...

La mort affreuse et douloureuse que lui avait offerte Jony, chasseuse de prime de la cn, l'avait rendu fou de rage et de frustration, et c'est dans cet état qu'il s'était lancé à sa poursuite, sa résurrection à peine achevée.
Il avait quitté le Paradis Flamboyant sans un mot, sans une explication, et galopait sans relâche vers la cn, dans l'espoir mince mais présent de se venger...

Seulement, voilà, l'impulsivité de l'instant s'était par la suite essoufflée, et son cheval, après une demi-journée de galop effréné, était mort d'épuisement.

Gale se retrouva donc perdu en plein désert, sans eau, ni nourriture, et seul...

Pelor lui brûlait le visage et les épaules, et la soif l'emmenait dans un monde de mirage et d'hallucinations...
Il vécu à nouveau sa mort, purement et simplement happé par un Dragon.
Il revis son Mariage, la mort de sa « femme », puis la mort qu'il lui avait lui même infligée...

Ce flot d'événement ajouta encore à sa fatigue, et c'est à genoux qu'il revivait les ébats doux et tendres qu'il avait vécu avec Ythylolyn...
Probablement la chaleur lui montait au cerveau, mais dans le désordre de ses souvenirs, repassant un à un devant ses prunelles, un sentiment se démarqua...

La honte, le ressentiment...

C'est dans cette chaleur étouffante qu'une larme perla de son oeil Azur.
suivie de près par la perte de conscience du Lokien, qui tomba sur le sable, inanimé...

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Lorsqu'il se réveilla, tout avait changé autour de lui...
Les dunes s'étaient changées en murs sales et humides...
Le sable chaud sous lui avait pris la forme de pavés abruptes et inconfortables...

Il mis un peu de temps avant de réaliser qu'il était en prison.

L'épaisse porte de bois n'offrait aucun jour, et le peu de lumière qui filtrait dans la pièce venait d'une meurtrière, haute et fine.

Curieux quand à l'identité de la ligue qui l'avait intercepté, il y jetta un oeil...
Ce qu'il vit le fit blêmir un instant.
Cette ville au dehors, il ne la connaissait que trop bien...
Sélénia...
Alors Lucifel était parvenu à l'attraper...
Cette idée le fit pester quelques minutes, frustrés de finir dans un cachot.

Mais bien vite ces insultes se changèrent en ricanement, puis en rire.
Et dans le fin fond des cachots de la ligue Hecatéenne, un rire froid et fou retentissait.
L'avoué était de retour.

Quand elle apprit que gale était réveillé, Ythylolyn se rendit dans sa geole. Ils eurent une longue discussion, au sujet de leur vie, d'un passé à jamais révolu. Tout cela ne regarde qu'eux...

En sortant, Ythylolyn était toujours aussi froide. Mais Lysel grognait. Visiblement la louve ne supportait pas que Gale fut encore de ce monde. Mais la jeune femme comme toujours quand il s'agissait de Gale, passa outre sa colère. Elle monta à la tout noire voir le saigneur des lieux, et lui annoncer l'illustre hôte qu'elle lui avait ammené.

Gale devrait répondre de ses actes devant la justice humaine pour son meurtre, mais aussi devant la justice divine, pour son sacrilège. Mais ce n'était pas elle de décider de tout cela. La conversation fut breve et elle en sortit assez vite avec un parchemin. Le plus dur fut de trouver un herault. Mais enfin la chose fut faite et elle put aller se reposer tranquille.

Un hérault se présenta à la porte des prisons. La geole de Gale lui fut ouverte, alors il sortit un parchemin de sa poche et se racla ma gorge. Il s'agissait d'un apprenti que l'on venait de recruter, et il croyait encore que lire un ordre de Lucifel était un immense honneur. Il prit donc sa plus belle voix pour lire la missive :

Citation :

L'ancien avoué de la corporation est propriété de la Selenia jusqu'à son affranchissement sous mon unique autorité. Qu'il soit conservé au frais dans nos geôles et que rien ne rentre ni ne sorte de son taudis sans mon concentement.

Lucifel Seïgura, Seigneur de Selenia.

Puis roulant le parchemin il sortit d'un air digne, pour trébucher sur un tas d'immondices, ce qui déclencha l'hilarité du gardien de la prison.

Un gringalet se présenta devant l’officine du Saigneur sélénite, la main tremblante comme la plupart des jeunots de sa condition dont l’espérance de vie au service de Lucifel n’excédait que rarement trois cycles lunaires.
En l’absence de réponse il se risqua à pénétrer dans l’antre et aperçu son maître affalé sur une couche à humer ses nouveaux cigares, extrait des plantations d’Anagura après étude approfondie (et sanguinaire) des spécimens empruntés à Irlan.

- Sir, le prisonnier désir…

- J’ai déjà dis de ne pas m’interrompre en plein travail ! Un prisonnier ? Qui donc ?

L’apprenti se racle la gorge de dépit, ne sachant trop comment aborder le sujet il finit par déballer d’une voix fluette et saccadée :

- L’avoué Bligth, Sir ! Il souhaiterait vous parler, et a énoncé le fait que le peu d’attention que vous porter à son égard le chagrine grandement et que cela ne convenait guère aux bonnes grâces de quelqu’un de votre rang… Avec tout le respect qu’il vous doit.

L’être sérénissime parcour d’un geste délicat la barbe inexistante de son menton de jouvenceau et entame un nouveau cigare qu’il incendie à la flammèche d’un candélabre.

- Qu’à-t-il donc ce galefretier ? Son nouvel office ne lui conviendrait pas ? Ces fonctionnaires me surprendront toujours, même pour ne rien faire ils demandent toujours la panacée… Pourtant, il est logé, nourrit et demeure aussi actif qu’à la Corporation, n’est-ce pas ?

- Et bien Sir c'est-à-dire qu’il aimerait avant tout connaître la fin de son mandat.

- Oh, il est déjà surmené ! Combien de temps cela fait-il qu’il est en service ?

- Six mois mon Saigneur…

- Six c’est un bon chiffre, doublez donc sa ration de pain sec en mon nom, et que le bourreau partage avec lui sa vinasse… Et Dite-lui bien que son souverain entame dès la nuitd’hui la procédure réglementaire de visite des officiers honorables…

Ce que l’apprenti fit après avoir prit congé de son Seigneur, on doubla effectivement la ration de pain sec, mais le bourreau récalcitrant n’offrit à l’avoué qu’un nez rouge, sans passer par la vinasse, bien qu’un peu rustre le geste y était cependant…


Le mois suivant, après cinq égarements de dossier, une grève syndicale réprimée dans le sang, le passage des jours fériés et des banquets d’administration, la demande finit par accéder et le Seigneur sélénite pu officiellement se rendre dans les prisons de son Etat.
La porte claqua et s’entrouvrit pour faire place à Lucifel, qui pénétra dans la geôle en masquant son nez sensible face aux relents pestilentiels du galérien.

- Soyez succin et pertinent monsieur l’avoué, je vous écoute…

- Est-ce pour ce verbiage incohérents que vous m’avez fais déplacé jeune LOKIEN ?

Le golem avait placé sa réplique sur un ton volontairement ascétique bien que son écoute ne fût que partielle et totalement désintéressée.
Il tenait en main son cigare, fraîchement roulé et dont la forte fragrance attaquait certainement l’odorat du séquestré. Un petit vent s’immisça dans la pièce, dans les sous-sols il aurait été peu probable qu’il fut naturel, d’autant plus qu’il se contenta de tourbillonner en un point unique, dépoussiérant par là une pierre qui ferait office de siège pour le seigneur sélénite.
Ce dernier y prit place, assoyant méticuleusement son séant royal tout en dévisageant son ancien avoué.

- Comme vous l’avez souligné, les préoccupations de votre petite personne ne m’intéressent guère, ni plus que je ne me soucis de votre position outrageante et insignifiante. VOUS n’êtes qu’un rat terré dans un trou par ce qu’on l’y a mis et je me contente de vous considérer comme tel, puisque c’est ainsi que vous vous revendiquez…
J’ai bien trop d’ambition pour retirer quelconque satisfaction de vos supplices, vous me distrairez tout au plus.

Ni son sourire ne venait soutenir son regard contempteur, ni ce dernier n’exhibait quelconque animosité ou complaisance. Il se contentait de répondre aux harangues du lokien.

- Monsieur est malheureusement la seule chose que l’on peut placer devant un nom à défaut d’un titre. Mais que vous en soyez flatté, cela prouve que vous vous contentez de peu, et c’est bien là ce que j’ai à vous offrir : peu de chose !
Sachez pour votre gouverne que rien n’est gratuit en ce monde, et ce que vous nommez de crime dérisoire vous coûteras bien plus qu’un enfermement gratuit en mes murs…
Votre dérision est lourde, maladroite, infondée et totalement erronée ! Vous me jalousez donc ? Mais de quoi ? Croyez vous qu’il soit de coutume chez moi dans mangez les restes d’un sous-fifre ?
Mais après tout si ces illusions peuvent susciter chez vous une once de regret, il ne sera pas tout à fait inutile de les conserver…


Ses mains claquèrent l’une contre l’autre comme pour conclure une courte récréation, il défiait Gale de son regard imperator et lança brièvement :

- Vous voulez sortir, qu’à cela ne tienne, qu’avez-vous à offrir en échange qui ne soit pas dérisoire et vide d’intérêt ?

Le golem suffoqua d’un rire gras, séant sur sa pierre tout en lorgnant le captif comme s’il s’agissait d’un enfant malsonnant, hirsute et revêche.
Il hocha la tête en signe d’amusement et se prit à lui rétorquer d’une voix douce et conciliante.

- Vous semblez vous-même avoir estimé votre valeur, Gale… Le « monsieur » à posteriori me semble inconvenant, vous n’exposez point la maturité de votre âge. L’apprenti que vous fûtes jadis semblait plus prometteur, mais si je ne m’abuse, votre potentiel limité est sans doute à l’origine de votre reniement par sieur votre père, et de l’état lymphatique et pourrissant dont personne ne veut vous ôter le supplice.
Je vois que vous vous identifier toujours à KindeaTh, vous l’imitez assez mal d’ailleurs, les lokiens ne sont point stupide.

Mais je dois avouer que je vous ai surestimé une fois de plus. Je vous voyais en docile serviteur, pourquoi pas comme l’objet de mes distraction, mais vous n’avez pas même la carrure d’un esclave. Je ne vois pas quelle motivation pourrait me convaincre de vous gardez.

Il se lève et claque des doigts.

- Geôlier !!!!

L’être infâme entre, loqueteux et ivres. Le mauvais vin à rongé son visage au point que sa truffe rouge s’exhibe au milieux de cernes, de crevasses et de pustules malodorantes agrémentant en outre son minois d’un radieux sourire dépourvue de dents, si ce n’est les deux ou trois nécrosées dont l’évocation suffisait à faire pâlir ses compères.
Il se plante au centre de la cellule, se contentant d’un râlement en guise d’allégeance.
Au golem de reprendre.

- Bien ! Le prisonnier semble préférer votre compagnie à la mienne, pour son dernier soir je ne voudrai donc pas manquer de lui rendre un dernier hommage.

Désignant le ladre du doigt :

- Vous me mettrez ça à la porte demain à l’aube. Mais veillez à organiser une petite sauterie pour fêter son départ. Puisqu’il y tient, il est votre…

Lucifel se relève de son siège et se courbe devant son hôte.

- J’ose espérer que Brutus soit en mesure de répondre à vos attentes… Ce séjour vous est gracieusement offert par ma vile personne. Vous me voyez donc désolé de ne pas assister à son achement, j’ai à faire.

Il ajoute gaiement en passent la porte :

- Au déplaisir de vous revoir, Blight…


La porte claqua tandis que le balourd gloussa de lubricité avec toute la grâce que pouvait déceler son sex-appeal.
Il grommela de sa voix rauque et béotienne :

- Si monsieur veut bien se donner l'obligeance de me suivre…

S’en suivit une violente estocade dans l’œil de l’avoué visant à le faire se mouvoir plus rapidement. Puis dans la même foulée, un bras large et velu vint le saisir pour l’élever à six pieds au dessus du sol et l’emporter vers la salle des gardes…

Je confirme cet Etat de fait.
Certe ce rp peut paraitre choquant aux yeux de certains, moi le premier.
Mais j'assume entierement le rp de lucifel, et l'accepte.
Faut pas croire, on est pas des enfants de coeur.
Apres, je dis pas, Gale l'a très mal vécu.
Il est devenu chemoshien, rendez-vous compte !